Pour une rare fois, je vous parlerai d'un livre. Parce que si la musique est mon métier, je crois que je passe une plus grande partie de mes temps libres à lire qu'à écouter de la musique de façon sérieuse.
The Long Tail de Chris Anderson (la Longue traîne dans sa traduction française) est paru en 2005, et a pas mal fait jaser depuis. Anderson est le rédacteur en chef du magazine américain Wired, consacré à l'informatique et à la technologie.
J'ai bien l'impression que ce livre pourrait changer la façon dont je vois le marché du disque dans son ensemble. Parce que c'est ce que l'auteur fait: décrire comment le marché s'est transformé entre sa naissance au milieu du XXe siècle et la révolution internet, au cœur de laquelle nous nous situons toujours.
Donc, au départ, les choses étaient simples, particulièrement au niveau de la quantité d'information disponible. Les stations de télé et de radio étaient peu nombreuses, de même que les journaux. Les autres sources d'information pouvant conduire le public à l'achat de musique enregistrée étaient négligeables. De plus, grâce à de merveilleux procédés tels que Payola, il était facile pour les compagnies de disques de savoir, même de décider de ce qui serait populaire et de ce qui ne le serait pas.
Mais le facteur le plus important ne faisait pas partie des décisions des grandes entreprises. La limite était à la fois physique et technique. On en était toujours à l'enregistrement analogique, sur disque vinyle et éventuellement sur ruban. L'objet physique était ce que les gens se procuraient. L'espace contenant cet objet de 12 pouces de diamètres en général, était un lieu physique, un espace possédant des limites.
Cette dernière phrase sonne comme une blague, mais en fait, c'est le principal enjeu. Dans les années 1990, les magasins passèrent graduellement au cd, ce qui leur permit de tenir plus de stock dans un même espace. Mais le cd amenait en même temps une autre transformation, beaucoup plus importante: le numérique.
Car une fois les données contenues sur le cd transférées sur un disque dur, bien, plus besoin du cd. Et si on n'a plus de galette de plastique à vendre, pourquoi avoir un magasin? Pourquoi avoir un entrepôt, un réseau de transport? Et surtout, pourquoi se limiter à quelques titres?
J'essaie vraiment de faire court ici, alors voilà où nous en sommes: avec des entreprises telles que iTunes, on se retrouve avec un stock infini. Tout est toujours disponible, accessible, rien n'est jamais égaré ou en rupture de stock. Et comme le client est plus informé que jamais grâce aux médias traditionnels mais aussi à tous les blogues, radios internet et que sais-je encore, il y a de la demande pour tout.
Bref, faire des affaires en ne vendant que les gros titres n'est plus la règle d'or aujourd'hui. Selon ce que j'ai compris du livre, c'est en ayant le plus large choix possible qu'une entreprise peut réussir. L'avenir est dans le créneau très précis, et dans l'art de créer la rencontre entre le client et le produit.
Je pense qu'on est en train de vivre exactement ce que Chris Anderson décrit. Il nous reste maintenant à savoir comment trouver le succès dans cette nouvelle économie.
Et il va sans dire que je vous recommande cette lecture.
ANDERSON, Chris. The long tail : why the future of business is selling less of more, New York, Hyperion, 2006, 238 p.
dimanche 5 octobre 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Bon article. Où est-ce que tu travailles?
J'ai vu cité la "long tail" sur certains blogs de musique assez avant gardistes. Je sais pas si tu es allé lire les quelques liens que je recommandais dernièrement. Si non. les voici.
http://www.unsprungmedia.com/
http://newmusicstrategies.com/
http://www.musicthinktank.com/
Merci! C'est gentil. Je travaille au Renaud-Bray de la Plaza St-Hubert.
J'ai vu les liens. Je ne les ai pas encore consultés, parce que ça me semble relativement dense et que j'ai le cerveau plutôt mou ces temps-ci, mais je compte le faire dans un avenir rapproché.
Enregistrer un commentaire