jeudi 27 septembre 2007

Coeurs

Jérôme Minière, La Tribu, TRICD-7270, Select, 2007.


Mes premières rencontres avec Jérôme Minière furent plutôt tièdes. La nuit éclaire le jour qui suit ne m'avait plu qu'à moitié, facile à trancher de par sa nature d'album double, moitié chanson, moitié instrumental.


Encore aujourd'hui, je connais assez peu l'homme et son oeuvre. J'ai par contre fait connaissance avec les objets intrigants que sont la Complainte d'un produit de l'imagination, La jeunesse est vieille comme le monde, ou encore Mes amis sont les meilleurs produits dans leur catégorie. Honnêtement, je ne connais cette dernière que par son titre, un accomplissement en soi. Ça me suffit pour l'instant; j'en tire une grande satisfaction intellectuelle. Mais je sais que je devrai un jour aller vérifier le contenu.


Le dernier cru de Minière arrive presque par surprise, un an à peine après son travail intéressant avec Michel Faubert. On l'ouvre, on écoute pour voir (comme dirait une certaine station de radio...). Et on continue d'écouter. Et on n'arrête plus. On s'y sent chez soi, et on n'a plus envie d'en sortir.


On remarque tout d'abord le son. Très doux, le son. Fait d'une large dose de violoncelles (Mélanie «Magnolia» Auclair) et de guitares accoustiques (Minière pour l'essentiel, mais notons bien la présence d'un certain René Lussier). Tout est aéré, tout respire avec aisance, même les quelques touches d'électronique. Les couleurs d'instruments sont à des kilomètres de distance des platitudes qu'on nous offre par ailleurs, de Kaïn à James Blunt, mais sans jamais être déroutantes. Une beauté particulière.


Le gars a une façon assez particulière d'exprimer des émotions connues. Dans Trains, premier extrait: «Avoir été cynique n'a pas suffi/ (...) C'est un bonheur de croire à tant de choses». Dans l'ambiance générale de l'album, dans ses bruits de la vie quotidienne. Dans le sommet de bonheur qu'est Disque Dur Miniature, où l'on entend des voix d'enfants, «Tous les gens que j'aime/ Tous les sons qui m'enivrent». Et l'effet est contagieux. Une chanson qu'on a envie de serrer dans ses bras.