dimanche 7 décembre 2008

Neil Young au Centre Bell


Je dois avoir découvert Neil Young aux environs de 1993, avec l'album Freedom. En 1995, je passais une audition à mon école secondaire, chantant Rockin in the Free World devant quelques professeurs et collègues étudiants. Ma voix d'ado et mon inexpérience ont fait que l'aventure musicale s'est arrêtée là. Mais la musique de Young m'a suivie jusqu'à maintenant.

De mémoire, c'est donc la première occasion en 15 ans que j'avais de voir le gars en concert. On peut donc facilement imaginer mon niveau d'attente. Même si je ne possède que quelques disques (Young en a une bonne trentaine), certaines chansons font partie de moi.

Young a passé deux bonnes heures sur scène, à se donner avec énergie. Et à la fin, tous les gens autour de moi dans les blancs (assez haut pour avoir le vertige) étaient debout. Moi je pleurais de joie, d'avoir pu voir un morceau d'histoire du rock nous donner autant.

Hey Hey, My My, Cinnamon Girl, The Needle and the Damage Done, Heart of Gold et Old Man jouées l'une après l'autre, Cowgirl in the Sand, Rockin in the Free World, et en rappel, A Day in the Life. Plus un bon paquet de chansons que je ne connaisais pas, évidemment - l'homme dispose d'assez de chansons pour jouer jusqu'à demain matin.

J'ai toujours été fasciné par le son de guitare électrique de Neil Young. Mes jumelles m'ont permi de repérer une Gibson Les Paul noire, agrémentée d'un tremolo Bigsby. Vérification faite, Young possède cette guitare, nommée Old Black depuis 1969. Bon nombre de ses solos distinctifs auraient donc été enregistrés avec elle. On parlait d'histoire du rock?

vendredi 5 décembre 2008

Quelques dates

Selon Cyberpresse, Malajube devrait sortir son 3e album le 10 février. J'ai hâte et je ne suis pas le seul.


Selon Pitchfork, Antony & the Johnsons feront paraître un disque le 20 janvier. Ça pourrait être intéressant.

Et un jour, Bénabar et Delerm nous enverront leurs dernières galettes.

mercredi 19 novembre 2008

Coeurs migratoires


Il est clair que j'ai un p'tit côté country/folk, que je suis particulièrement disposé à apprécier ce genre de musique. Emmylou Harris, Mara Tremblay, Neko Case et Neil Young font depuis longtemps partie de mes habitudes d'écoute.

C'est une musique qui fait que l'on se sent chez soi. Par son américanité, entre autres. Mais aussi pour sa très grande simplicité, et pour le sentiment de confort qui s'en dégage. J'ai l'impression que ce genre de disque me sert de pierre de touche entre toutes les excentricités.

Catherine Durand a le don de la grâce, de la subtilité et de la délicatesse. Et elle maîtrise complètement son style. Disons que Le temps presse pourrait servir de cours de country à Isabelle Boulay.

Il faut aussi écouter Je vais rester, magnifique et aérienne grâce entre autre au très beau hautbois, et Le bonheur est parfois maladroit, duo au texte très habilement écrit, interprété avec Louis-Jean Cormier du groupe Karkwa.

Plusieurs très bons musiciens l'entourent (Jocelyn Tellier, Robbie Kuster, Catherine Major), mais l'univers créé par cet équipe est très cohérent, et Catherine Durand s'y trouve très clairement au centre.

Cette force qu'a la chanteuse comme personnage se fait très clairement sentir sur la chanson Je suis perdue. Il est vraiment surprenant de voir à quel point on oublie que quelqu'un d'autre l'accompagne ici, que tout ne vient pas d'elle, tant l'émotion est sincère et juste. Pour une fois, on a l'impression d'une chanteuse qui a vécu ce qu'elle nous raconte.

D'autres pièces sont moins remarquables, simplement agréables à écouter. Peut-être permettent-elles simplement de digérer un peu les autres, ce qui est tout à leur honneur. Je préfère naturellement la musique qui fait vivre, pleurer, rire, penser. Mais après un moment, j'ai vraiment besoin de celle qui nous laisse tout simplement respirer.

Catherine Durand. Tandem.mu,
TMUCD5807, Select, 2008.

jeudi 13 novembre 2008

Le chaos injuste.

Vous ne le savez pas encore. D'ailleurs, moi non plus je n'en sais rien. Ça n'empêche pas le fait que vous l'aurez d'abord appris ici.

Mise à jour, le 22 novembre: je sais pas si vous avez remarqué, mais ça s'appelle Joli chaos finalement.

samedi 8 novembre 2008

Questionnaire Tom Waits


Bien qu'elle ait été publiée il y a quelque mois, je ne me lasse pas de lire cette entrevue avec le célèbre chanteur Tom Waits. Parmi les meilleurs extraits:

Q: What remarkable things have you found in unexpected places?

A: (...)
A homeless man with a beautiful operatic voice singing the word “Bacteria” in an empty dumpster in Chinatown.

(...)

Q: What’s scary to you?

(...)

Mc Cain will win.

(...)

You fell through the ice in the creek and it carried you down stream, and now as you surface you realize there’s a roof of ice.

Heureusement, le gars n'est pas un visionnaire. Mais quelle imagination fascinante, par contre. Lisez le reste ici.

lundi 3 novembre 2008

Retour sur l'ADISQ...


...quelques heures après tout le monde. Faut bien dormir et réfléchir un peu avant d'écrire, quoi.

La soirée a bien commencé. Si on oublie Sylvain Cossette, le numéro d'ouverture était assez époustouflant, principalement grâce à Karkwa et à Gatineau. Un loup qui joue du drum avec 2 autres collègues batteurs, ça met de l'ambiance. Et comme si ce n'était pas suffisant, on y a ajouté un choeur d'enfant hystériques, pour nous livrer un des plus beaux moments du Volume du Vent. Y'a rien à faire: moi, des enfants qui rockent, ça me fait brailler de bonheur.

Les remises de prix ont aussi commencé d'une manière intéressante. Avec Isabelle Boulay comme première gagnante, disons qu'on savait où on était... Interprète féminine de l'année en plus... comme en 1999, en 2000, en 2001, en 2002, en 2003 et en 2007. Est-ce que quelqu'un se rappelle comment c'était ennuyeux de regarder la F1 à l'ère de gloire de Michael Schumacher? Même chose ici.

Par contre, justice a été rendue au très beau travail de Karkwa. S'ils n'étaient pas récompensés pour ce magnifique album, Dieu sait quand ça serait arrivé.

Évidemment, je dois mentionner l'hommage à Celine. Quelle expérience hallucinante. Vu à la télé, j'aurais probablement changé de poste éventuellement, ou bien je serais allé me chercher un snack. Mais sur place, ça dépassait l'imagination. Passé ce qu'on croit être la durée normale d'une ovation, eh bien ça continuait encore. Et encore. Et encore. Ç'en était à se demander si un interrupteur avait été oublié à la position ouvert.

Luc Plamondon m'a semblé aussi désagréable que d'habitude. Mais notre sirène d'alarme nationale n'était pas si mal dans ses remerciements.

Gregory Charles, interprète masculin de l'année 2008. Suis-je le seul à ne pas comprendre? C'est au-delà de la surprise.

Je doute qu'on ait pu s'apercevoir de la chose à la télé, mais bon nombre de jingles utilisés pour encadrer les pauses publicitaires ou pour accompagner les archives étaient tirés de pièces d'artistes alternatifs: Gatineau, Karkwa (j'ai dû entendre la pièce le Volume du Vent 15 fois hier soir), Navet Confit, Band de Garage (merci Philippe Papineau).

Bref, la soirée fut vraiment agréable et a passé très vite, entre autres en ayant l'occasion d'observer l'armée de techniciens (environ 20 à la fois sur scène) faire les changements d'aménagements. Ça donne vraiment envie d'y retourner, même si c'est pour être encore placé sur le côté de la scène et réussir à entrer dans la salle juste pour le début du show même si on est arrivés 30 minutes d'avance.

Et en passant, si j'ai bien compté, je récolte un beau 8/12 pour mes choix de tête, malgré un 4/10 pour mes choix de cœur. Bravo moi!

samedi 1 novembre 2008

C'est ma semaine chanceuse

Après Fréquence Libre jeudi, je serai au Centre Bell Téléphone pour le gala de l'Adisq ce dimanche. Ce qui est drôle, c'est qu'on est dans les rouges, section 104. Mais bon, comme ces billets valent un certain montant, j'imagine qu'on nous donnera autre chose à voir que des rideaux et des haut-parleurs.

Merci à mon ami Patrick pour le billet.

jeudi 30 octobre 2008


À peine entré dans la Maison de la Société Radio-Canada, je me trouvais en terrain connu: une belle grosse vente de livres, cds et dvds usagés. En fait, il s'agissait d'une vente de copies promotionnelles reçues par (ou pour?) le personnel de l'endroit. Disons qu'on parle d'une quantité hallucinante de matériel, bien plus que ce qu'un disquaire peut voir passer dans un petit magasin (ce qui est déjà raisonnable).

Je me suis donc procuré:

- Paranoid Park, de Gus Van Sant.
- The Besnard Lakes Are the Dark Horse.
- Courtepointes, d'Arseniq33.
- Un nouvel arrangement des Variations Golberg, scellé.

Le tout pour 10$ bien comptés.
Et la journée ne faisait que commencer.

Mme Giroux et son équipe nous accueillaient donc chez eux, dans le studio où l'émission est produite quotidiennement. Et cet endroit, à force d'écouter l'émission, est aussi un peu chez nous. Bref, c'est sûr que tout le public (nous étions 11) était content d'être là. Mais je crois que l'équipe aussi était contente de nous voir - c'est du moins l'agréable impression qui nous était donnée.

Je pense que j'ai certaines tendances control freak. Du genre que je prends très vite l'habitude de faire les choses dans le même ordre, aux mêmes heures, selon les mêmes méthodes. C'est peut-être ce qui explique mon amour des bibliothèques et des librairies, des endroits très ordonnés où j'ai passé au moins quelques heures ces dernières années.

J'étais donc aux anges dans ce studio, un environnement très contrôlé où tout est organisé à la seconde près. Les gens qui y travaillent n'ont pas le caractère rigide pour autant: tout le monde a l'air très relax, de vrais poissons dans l'eau. Vous vous rappelez de la fantastique entrée en scène de Garrison Keillor dans A Prairie Home Companion? Même ambiance de complète assurance ici.

Bref, un très bel après-midi, en compagnie de Tristan Malavoy-Racine, Jacinthe Dompierre (mère et auteure des textes de Catherine Major), Nelson Mainville, Alfa Rococo et Luce Dufault, et où le hasard m'a fait croiser Catherine Major, Stanley Péan et Louise Forestier.

Pour les occasions que j'ai de faire du name-dropping, je ne vais pas me priver!


mardi 28 octobre 2008

Un avant-goût de l'Adisq

Le gala de l'Adisq fait comme l'hiver, et s'approche de nous à grands pas. Certains gagnants sont même déjà connus - bravo entre autres à Gatineau et Karkwa.

J'ai donc envie de me donner un léger défi, et d'y aller de mes choix et prédictions pour la soirée télévisée de dimanche prochain.

Ceux à qui je souhaite de gagner se retrouvent en italiques, alors que ceux qui ont selon moi le plus de chances de gagner sont en gras.


Album de l'année – meilleur vendeur


Duos Dubois, Artistes Variés

Nos lendemains, Isabelle Boulay

Les saisons s'tassent, Kaïn

Dangereuse Attraction, Marie-Mai

L'album du peuple – tome 7, François Pérusse.


Pas de choix ici. C'est même pas une catégorie digne de ce nom, de toute façon, puisque l'artiste a déjà été récompensé par les ventes en question. On ne donne pas de prix Nobel à la personne la plus riche? La même règle devrait s'appliquer ici.



Album de l'année – Pop-Rock


Les Autres, France D'Amour

Escalader l'ivresse, Alexandre Désilets

Revenir à toi, Marc Dupré

Tous les sens, Ariane Moffatt

Qu'on se lève, Jonathan Painchaud


Les qualités d'écriture de Désilets ne vont que s'améliorer avec le temps, selon moi. Attention au deuxième, ça va marcher. Sinon, Ariane Moffatt l'emporte, loin devant les trois autres choix, qui n'ont jamais capté mon attention.


Album de l'année – Populaire

Lever l'ancre, Alfa Rococo

Nos lendemains, Isabelle Boulay

Loin de la lumière, Gregory Charles

En concert dans la forêt des mal-aimés, Pierre Lapointe

Rose Sang, Catherine Major

Rose Sang a plu à énormément de mes clients, ce qui me porte à le voir comme un gagnant naturel ici, même si je n'ai pas été conquis. Par contre, l'Adisq aime tellement faire monter Isabelle Boulay sur scène, qu'on sait bien ce qui va se produire.


Album de l'année – Rock


Le taureau, Rudy Caya

Le ciel saigne le martyre, Anik Jean

Les saisons s'tassent, Kaïn

Ma Peau, Éric Lapointe

Dangereuse Attraction, Marie-Mai


Je dis ça, mais je pense que je dormais ce jour-là. Moi qui me voyais pourtant comme un rocker... où sont mes Wolf Parade et Plants and Animals?


Auteur ou compositeur de l'année


Urbain Desbois

Diane Dufresne

El Motor

Karkwa

Catherine Major


C'est leur année, définitivement. On ne peut pas passer à côté d'un album aussi fort que le Volume du vent. Et justement, c'est la qualité d'écriture qui fait la force de cet album, qui n'est apparemment pas encore connu à l'étranger - et je me demande sérieusement pourquoi.


Groupe de l'année


3 gars su'l sofa

Alfa Rococo

Kaïn

Karkwa

Les Respectables

Voir ci-haut.


Révélation de l'année


Alfa Rococo

Rachid Badouri

Annie Blanchard

Alexandre Désilets

Gatineau

Radio Radio

Parce que je pense que les gens vont se tanner vite d'Alfa Rococo (c'est peut-être déjà le cas?), et que le meilleur reste à venir pour Désilets. Le peuple choisirait sans doute Blanchard, mais la machine Quebecor roule si vite qu'on l'aura oubliée demain.


Spectacle de l'année – Auteur-compositeur-interprète


L'échec du matériel, Daniel Bélanger

Les saisons s'tassent, Kaïn

Dangereuse attraction live, Marie-Mai

Le repère tranquille/ Solo, Vincent Vallières

La sacrée rencontre, Gilles Vigneault, Les charbonniers de l'enfer


C'est l'année Karkwa, mais aussi l'année Bélanger. Peut-être que Vigneault et ses collègues pourraient lui faire compétition, mais je me risque.


Spectacle de l'année – Interprète


Le party des fêtes à Lapointe, Artistes variés

Ta route est ma route, Isabelle Boulay

Demi-jour, Luce Dufault

Le monde à Lambert, le Bébert Orchestra

50 ans d'amour, Michel Louvain

Comme ça, Marie-Élaine Thibert


Pour l'occasion de rendre hommage à un artiste en fin de carrière. La loi Boulay s'appliquera-t-elle?


VOTE POPULAIRE


Chanson populaire de l'année


Lever l'ancre, Alfa Rococo

Ton histoire, Isabelle Boulay

Chanson pour Marie, Nicola Ciccone

Oh mon chéri (le ciel saigne le martyre), Anik Jean

1500 miles, Éric Lapointe

Mentir, Marie-Mai

Je veux tout, Ariane Moffatt

Pousse, Pousse, Jonathan Painchaud

Café Lézard, Vincent Vallières

Minuit, Andrée Watters


Ok. Je pense qu'il faudrait peut-être que je lâche le 95.1 un peu des fois...


Interprète féminine de l'année


Isabelle Boulay

Laurence Jalbert

Marie-Mai

Ariane Moffatt

Marie-Élaine Thibert


Vous vous rappelez la fois avec le maquillage de Corneille? C'était cute, hein? Allez, on la refait!


Interprète masculin de l'année


Daniel Bélanger

Gregory Charles

Nicola Ciccone

Pierre Lapointe

Vincent Vallières

Et vraiment, ici, les autres le suivent de loin. D'ailleurs, il serait peut-être temps que Lapointe nous fasse un autre album, en studio et à large diffusion; pas un truc limité, live, remix ou exclusif: un vrai best-seller.

Et vous? C'est qui qui va gagner, vous pensez?



vendredi 24 octobre 2008

Le disquaire à Fréquence libre!

Ben oui. Mais dans le public. Faut bien commencer quelque part...

Je dois dire que je suis très heureux et excité d'avoir obtenu ce privilège. D'autant plus qu'il paraît que l'émission tire à sa fin, chose que je déplore vraiment. Je la déplore comme un drogué qui apprend que sa drogue n'existera plus dans quelques semaines, en fait.

J'assisterai donc à l'émission, qui aura Alfa Rococo et Luce Dufault comme invités. Je peux imaginer passer un jeudi de congé en moins bonne compagnie, mettons.

lundi 20 octobre 2008

Post mortem




Paraît qu'on avait des raisons de fermer le Spectrum. Paraît qu'on voulait le détruire pour mettre autre chose à la place. Paraît qu'il était dans le chemin, qu'il avait fait son temps, qu'on avait besoin de l'espace.

Un an plus tard, le cadavre du Spectrum était toujours à pourrir sur la place publique, comme les pendus d'autrefois. Pas évident de savoir quelle leçon on a cherché à nous donner par cette image. On aurait pas pu profiter de l'endroit encore un an?

Voilà les idées que j'avais en tête il y a un mois, en passant au centre-ville. Cette semaine, j'ai constaté que le travail est commencé. Et je me demande ce que ma ville va devenir. Je me cherche un refuge.

Parce que vous savez ce qui s'en vient à la place. Et parce que je ne veux pas oublier Calogero, B.A.R.F., Banlieue Rouge, les Secrétaires Volantes, Galaxie 500, the Residents, Einstürzende Neubauten, Michel Rivard, the Tea Party, Monsieur Toad, et tous les autres artistes que j'ai pu voir sur ces planches.

dimanche 19 octobre 2008

Trois petits tours

Thomas Fersen. WEA, 2943340, Warner, 2008.

J'ai d'abord eu l'impression d'aimer le nouveau Fersen. Peut-être par fierté, peut-être par chauvinisme. Peut-être parce que j'ai l'habitude d'apprécier l'équipe qui a confectionné ce disque (Fortin, Langevin, Thouin, etc.). Le son est généralement sympathique, léger, drôle même (Chocolat, Ce qu'il me dit). Par contre, on sent un essouflement, un manque d'inspiration et une molesse à d'autres moments (les Mouches).

Je suis un chaud partisan des albums organisés, avec un thème central fort. Et j'avoue que le voyage offre de très belles possibilités, permettant par exemple une ouverture sur les différentes musiques du monde. Par contre, Fersen, en choisissant la valise comme synecdoque (la partie désignant le tout), enlève de nombreuses possibilité. Si la valise fait le tour du monde, disons qu'ici on fait rapidement le tour de la valise. C'est d'ailleurs lorsqu'il nous parle d'un autre objet (Ukulele) que Fersen nous offre ses plus beaux vers.

C'est ma crevette, mon tétard
Mon avorton de guitare
C'est ma guitare porte-clé
C'est ma guitare de poupée

Bref, un album un peu décevant, surtout losque comparé au gigantesque Pavillon des fous, ou aux classiques qui l'ont précédé. Certains d'entre eux étaient repris sur le très divertissant Best of de poche/ Gratte-moi la puce, pour voix et deux ukulélés. Et dans cette très grande simplicité, on entendait encore la majesté des arrangements originaux; c'est dire à quel point ceux-ci marquent la mémoire.

Je reste donc malgré tout optimiste pour Fersen. Je suis très impatient de voir comment il reprendra ce léger dérapage contrôlé.

mercredi 15 octobre 2008

Petit édito de lendemain de veille

Suite à une conversation que je viens d'entendre dans un café - et à laquelle je me suis retenu de participer par politesse -, je crois qu'il est temps de clarifier certaines choses.

Le Canada se retrouve plus à droite depuis ce matin, et ça me déprime vachement. On a vu des coupures en culture dans les derniers mois, et certains artistes se sont brillamment exprimés sur le sujet pendant la campagne électorale, malheureusement sans grand résultat.

J'entends donc aujourd'hui certaines personnes affirmer que les artistes ne sont pas assez engagés. Que toute création devrait amener le créateur et le spectateur à réfléchir à leur époque. Bref, que la conscience sociale devrait suinter de partout. Qu'on devrait faire comme les artistes des années 60, 70, comme Mes Aïeux, les Cowboys Fringants, etc.

Dans ce cas, il faudrait se demander pourquoi ces artistes se battent. Pour la souveraineté du Québec dans certains cas, ou contre la violence, pour la justice sociale ou l'environnement, etc. J'ai le plus grand respect pour le travail des gens qui font avancer ces causes par un moyen ou un autre, qu'on me comprenne bien.

Seulement, le débat des derniers mois ne se trouvait pas exactement là. Le gouvernement conservateur a coupé les fonds à des artistes ou des projets vus comme contraires à l'ordre public, ou ne représentant pas les soi-disant valeurs canadiennes.

Ce que j'ai compris, et ce que je crois personnellement, c'est que les artistes (comme tous les acteurs du milieu) se battent maintenant pour ne plus avoir des jobs de représentants des valeurs canadiennes. Pour ne plus avoir à représenter quoi que ce soit, en fait. Pour pouvoir simplement créer librement. Est-ce que ces deux mots sont si menaçants?

L'artiste, pour moi, n'est pas un politicien, un militant, un journaliste, un éditorialiste, un analyste politique ou que sais-je encore. Si aucun artiste ne devait faire de la création pure (j'emploie ce mot faute de mieux), qui vise simplement et directement l'émotion, si aucun batteur n'essaie d'avoir le meilleur groove, si aucun acteur n'essaie de me faire pleurer, si je n'ai plus envie de danser...

...si l'art en tant que tel n'existe plus, c'est que la politique aura pris le dessus.

Et on se demandera pourquoi on s'est battus.

lundi 6 octobre 2008

Un peu de numérologie

Ce n'est qu'à moitié que j'écoutais Monique ce midi, simplement le temps d'entendre quelque chose sur Gainsbourg et l'importance de l'année 1928.

Vérification faite, 1928 est une année importante pour les arts, la culture, et ce genre de choses impopulaires auprès de notre gouvernement (désolé, c'est mon humeur pour la semaine). Année importante, car c'est celle de la naissance de Serge Gainsbourg.

Et de Jeanne Moreau. Et du pianiste Fats Domino. Et de Monique Leyrac. Et de Pauline Julien. D'Annie Cordy, aussi. Sans oublier Line Renaud. Et un certain Stanley Kubrick. De même qu'Andy Warhol. Et Karlheinz Stockhausen. Raymond Lévesque. Ennio Morricone. Noam Chomsky. Philip K. Dick. Gilles Vigneault. Et peut-être d'autres, tant qu'à y être?

Est-ce qu'elles sont toutes comme ça, ou bien il s'est passé quelque chose? C'est assez pour m'étourdir, en tout cas.

dimanche 5 octobre 2008

The Long Tail

Pour une rare fois, je vous parlerai d'un livre. Parce que si la musique est mon métier, je crois que je passe une plus grande partie de mes temps libres à lire qu'à écouter de la musique de façon sérieuse.

The Long Tail de Chris Anderson (la Longue traîne dans sa traduction française) est paru en 2005, et a pas mal fait jaser depuis. Anderson est le rédacteur en chef du magazine américain Wired, consacré à l'informatique et à la technologie.

J'ai bien l'impression que ce livre pourrait changer la façon dont je vois le marché du disque dans son ensemble. Parce que c'est ce que l'auteur fait: décrire comment le marché s'est transformé entre sa naissance au milieu du XXe siècle et la révolution internet, au cœur de laquelle nous nous situons toujours.

Donc, au départ, les choses étaient simples, particulièrement au niveau de la quantité d'information disponible. Les stations de télé et de radio étaient peu nombreuses, de même que les journaux. Les autres sources d'information pouvant conduire le public à l'achat de musique enregistrée étaient négligeables. De plus, grâce à de merveilleux procédés tels que Payola, il était facile pour les compagnies de disques de savoir, même de décider de ce qui serait populaire et de ce qui ne le serait pas.

Mais le facteur le plus important ne faisait pas partie des décisions des grandes entreprises. La limite était à la fois physique et technique. On en était toujours à l'enregistrement analogique, sur disque vinyle et éventuellement sur ruban. L'objet physique était ce que les gens se procuraient. L'espace contenant cet objet de 12 pouces de diamètres en général, était un lieu physique, un espace possédant des limites.

Cette dernière phrase sonne comme une blague, mais en fait, c'est le principal enjeu. Dans les années 1990, les magasins passèrent graduellement au cd, ce qui leur permit de tenir plus de stock dans un même espace. Mais le cd amenait en même temps une autre transformation, beaucoup plus importante: le numérique.

Car une fois les données contenues sur le cd transférées sur un disque dur, bien, plus besoin du cd. Et si on n'a plus de galette de plastique à vendre, pourquoi avoir un magasin? Pourquoi avoir un entrepôt, un réseau de transport? Et surtout, pourquoi se limiter à quelques titres?

J'essaie vraiment de faire court ici, alors voilà où nous en sommes: avec des entreprises telles que iTunes, on se retrouve avec un stock infini. Tout est toujours disponible, accessible, rien n'est jamais égaré ou en rupture de stock. Et comme le client est plus informé que jamais grâce aux médias traditionnels mais aussi à tous les blogues, radios internet et que sais-je encore, il y a de la demande pour tout.

Bref, faire des affaires en ne vendant que les gros titres n'est plus la règle d'or aujourd'hui. Selon ce que j'ai compris du livre, c'est en ayant le plus large choix possible qu'une entreprise peut réussir. L'avenir est dans le créneau très précis, et dans l'art de créer la rencontre entre le client et le produit.

Je pense qu'on est en train de vivre exactement ce que Chris Anderson décrit. Il nous reste maintenant à savoir comment trouver le succès dans cette nouvelle économie.

Et il va sans dire que je vous recommande cette lecture.

ANDERSON, Chris. The long tail : why the future of business is selling less of more, New York, Hyperion, 2006, 238 p.

dimanche 21 septembre 2008

Sigur Rós au Quai Jacques-Cartier


C'était hier soir ma première visite au Quai Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal. Et je dois dire que c'est un endroit bien plaisant. Plus facile d'accès que l'île Sainte-Hélène, et à la fois spacieux et intimiste. Mais bon, je n'ai pas l'intention de vous faire une chronique d'aménagement paysager.

Je dois l'avouer, je suis un fan de Sigur Rós depuis probablement 5 ans. J'étais présent lors de leur dernière visite à Montréal, au Théâtre Maisonneuve à l'automne 2005. Et je dois dire que j'ai remarqué plusieurs similitudes entre les deux soirées.

Par exemple, je ne m'attendais pas à ce que, à peine trois mois après la sortie de l'excellent album Með suð í eyrum við spilum endalaust (titre qui se place joliment dans la conversation), le groupe annonce son entrée en scène avec Svefn-g-englar, chanson tirée de Ágætis byrjun (1999). Ni qu'ils finissent (avant le rappel) avec Untitled 8 (Popplagið). Ný Batteri était là comme en 2005, tout comme Viðrar vel til loftárása.

Par contre, cette dernière pièce a droit à un traitement intéressant. Elle comporte un moment de silence que le groupe s'amuse à allonger en spectacle, question de voir combien de temps le public est capable de se taire. En 2008 comme en 2005, on constate que les montréalais sont bruyants.

Sinon, j'ai également remarqué quelques notes déplacées de la part du chanteur Jón Þór Birgisson, que ce soit à la guitare ou à l'orgue. Mais je crois qu'au fond, il ne fallait pas rechercher l'exactitude mathématique dans ce concert, mais plutôt l'émotion brute.

Parce que de l'émotion, il y en avait en quantité. Le principal talent du groupe est dans sa capacité à construire des édifices sonores et émotifs. Par exemple, la merveilleuse Sæglópur (dont la version d'hier soir a probablement résonné juqu'au Mont Saint-Hilaire) commence par un ensemble piano-voix-3 xylophones, avant de se transformer en bombardement guitare-basse-batterie. Pour les fans, sachez que Glósóli, Popplagið, Hoppipola et Festival étaient tout aussi efficaces.

Efficaces à un tel point qu'en entendant une chanson comme Gobbledigook (attention les enfants, y'a du monde tout nu dans le vidéo), j'ai l'impression de me retrouver dans la peau du gars qui se rend compte qu'il est en vie, et que ce simple fait est merveilleux, car tout est possible. C'est vous dire ce dont le groupe est capable.

Bref, une très belle soirée dans l'ensemble, riche en défoulement. Espérons seulement que d'ici la prochaine fois le groupe arrive à se renouveler un peu.



Un show qui finit avec des fleurs pis des confettis, t'augmentes pas la sécurité pour ça. - Paroles d'un membre du public entendues à la sortie du concert.

vendredi 19 septembre 2008

Culture en péril

On regarde ça, et on rit avant de pleurer.



Via Les oreilles en chou-fleur.

lundi 8 septembre 2008

M pour Montréal

16h30 Alfa Rococo
17h05 Misteur Valaire
17h40 Torngat
18h15 Karkwa
18h50 Radio Radio
19h30 Plants & Animals

On appelle ça une journée bien remplie?

Une journée définitivement très agréable, en tout cas. Des fois je me dis que Montréal est assez dynamique côté musique pour avoir de telles soirées au moins une fois par mois. On peut toujours rêver.

Le cadre était évidemment très plaisant, situé entre le marché Bonsecours et l'eau. Juste en face d'où se tenait le concert de Radiohead il y a quelques semaines. Aussi, la journée était très bien rythmée. Même si on n'avait pas droit à des concerts complets, l'effet de condensation était très intéressant. Avec une variété de styles et 10-15 minutes de pause entre chaque performance, pas le temps de s'ennuyer. Ni de voir le temps passer.

Ah oui. Il ne faudrait pas oublier de vous mentionner que M pour Montréal est un événement qui en est à sa 3e année, et qui organise principalement une série de concerts au mois de novembre, auxquels sont invités des représentants des médias et des organisateurs de tournées et de festivals internationaux. Une initiative très louable, qui consiste au fond à essayer d'attirer les oreilles du monde entier sur nos musiciens. C'était la première édition estival extérieure – espérons que ce ne soit pas la dernière.

Allons-y dans l'ordre.

Alfa Rococo. 6 musiciens sur scène, pleins d'enthousiasme et d'énergie, tous et chacun. Mais pas moi. Je reconnais à ce groupe un grand talent pour les mélodies accrocheuses et les grooves entraînants, mais je crois que ça reste du bon matériel pour les radios, sans plus. Un peu trop fridge buzz à mon goût.

Misteur Valaire. Belle découverte. Plein de samples et de claviers, quelques percussions, un sax et une trompette. Et un p'tit monsieur rigolo invité sur scène juste pour danser. Une excellente musique de party, que j'ai bien hâte d'entendre en salle et sur une plus longue durée. Et que vous découvrirez à l'instant, en téléchargeant l'album Friterday Night, disponible gratuitement sur le site web. Faites-moi plaisir et écoutez ça.

Torngat. Autre belle découverte. Claviers, cor français, batterie. Vous avez déjà vu un gars jouer de la cymbale et du cor distorsionné en même temps? Moi oui. À écouter, sur étiquette Alien8.

Karkwa. Enfin, après les avoir manqués aux francos (pour cause de Wolf Parade), j'ai pu entendre live les chansons du magnifique Volume du vent. Que de puissance, ça fait du bien. Ils ont même réussi à me faire aimer Dormir le jour, qui était jusque-là la pièce que je saute sur l'album. Je réalise maintenant qu'ils n'ont fait que 4 chansons, et je commence dès maintenant à économiser pour les revoir au plus vite.

Radio Radio. M pour Montréal, ou M pour Moncton? Ces jeunes acadiens débordent d'énergie, je dois le reconnaître. Par contre, c'est pas mon truc.

Plants & Animals. Un groupe dont j'ai adoré le disque, paru chez Secret City. Mais, hélas, ça n'a pas passé la rampe ce soir. Je n'ai pas partagé le goût que le chanteur semblait prendre à ralentir ses refrains. Et disons que les dizaines d'instruments entendus sur le disque ne sont pas très bien remplacés par deux guitares et un drum.

mercredi 3 septembre 2008

Le petit peuple du bitume

Daran. Arbracam, 70022640655, Fusion III, 2007.

C'est quelques semaines après sa remarquable performance aux Francofolies de Montréal que j'ai eu l'occasion de mettre la main sur le dernier album de Daran. Et vraiment, je me suis privé d'un grand plaisir pendant trop longtemps.

Il y a quelques années, j'ai fait la découverte de Noir Désir. Je découvrais alors un groupe qui s'exprimait en français, et qui faisait un rock entraînant, assez pesant, et très crédible. Avec un côté sérieux aussi, qui me laissait croire que le groupe s'adresse à des adultes qui réfléchissent, et non seulement à des ados qui veulent casser la baraque.

Or, depuis certains événements, ces disques ont pris un goût amer - du moins pour moi. C'est comme ça, j'associe parfois la musique à des événements, et je crois que je ne suis pas le seul à le faire. Mais voilà, maintenant je crois que cette case vide vient d'être comblée.

Car Daran ne fait certainement pas dans la facilité. Intense, poétique, intelligent et mature. Avec un côté diva dans la voix (désolé, je ne trouve pas de meilleur mot) qui fait que j'ai les yeux plein d'eau par moments.

Dénonçant au passage quelques futilités (la télé, les galas, la beauté convenue), Daran nous ramène à l'essentiel. Comme s'il nous disait que la vie de ce peuple, même si elle est dure, peut être belle. Car sa musique combine ces deux aspects, de beau et de rugueux. La combinaison guitare-basse-batterie, des rythmes très simples, réussissent à produire de la beauté, à émouvoir davantage que bien des balades agrémentées de violons.

mercredi 20 août 2008

L'automne à vue de nez

Ce qui risque de me tenir occupé ces prochaines semaines:


- Thomas Fersen et Catherine Durand (tous deux le 9 septembre).

- Calexico, Joan Baez (9 septembre itou).

- Metallica (12 septembre). À noter que les garçons ne font pas paraître leur disque un mardi comme tout le monde, mais bien un vendredi, juste pour nous mélanger. Et est-ce moi, ou Death Magnetic me titille la grammaire?

- Les Cowboys Fringants (23 septembre).

- Mes Aïeux (7 octobre). Attention aux allergiques: le site est en Flash.

- Et un peu plus tard, ça a l'air que Daniel Boucher aussi.

Et comme on disait quand j'étais un étudiant en grève: ce n'est qu'un début, continuons à lire le journal.

Les Oreilles En Chou-fleur

C'est le nom d'un nouveau blog, qui nous permet de découvrir les propos intéressants d'un certain Jean-Philippe Villemure. Je sens que ce gars va me donner deux cours dont j'ai vitalement besoin: cuisine et conception sonore (mastering, enregistrement, mixage, production, etc.).

Via Bande à part.

jeudi 7 août 2008

Radiohead

Voici quelques souvenirs du concert de Radiohead, au Parc Jean-Drapeau, le 6 août 2008.

  • La performance du groupe était vraiment remarquable. D'où j'étais, le son était vraiment très clair, sans la moindre distorsion. On pouvait donc entendre tous les détails des arrangements, et tous les changements apportés par rapport aux versions studio. L'interprétation était vraiment une réussite sur toute la ligne.

  • Malgré sa clarté, j'ai eu certains problèmes avec le son. Il m'a semblé qu'il passait en alternance du grave à l'aigu, un peu comme lorsqu'on ouvre et ferme ses mains devant un haut-parleur. Peut-être que tous n'ont pas eu ce problème, mais de la colline, c'est ce que j'ai entendu.

  • Nude: vraiment, de très beaux éclairages, et la performance vocale de Yorke était à la hauteur de cette magnifique pièce. On se serait cru dans une salle de bal.

  • Weird Fishes/ Arpeggi: ma préférée sur In Rainbows, et celle qui m'a fait pleurer hier soir. Par sa beauté, et son exécution à la hauteur de mes attentes.

  • The Gloaming: à l'entendre, je me suis rappelé ce que j'avais lu quelques jours avant sur Pitchfork: c'est vrai que cette pièce est encore meilleure live que sur disque. La fin était d'ailleurs complètement déconstruite, un bel exemple des recherches des dernières années.

  • The National Anthem a été précédé de quelques secondes d'une ligne ouverte radiophonique bien de chez nous. Un peu comme sur la version entendue sur I might be Wrong. L'effet était très intéressant et la version, puissante.

  • Hier soir, à quelques centaines de mètres de la scène, avait lieu le dernier feu d'artifices de l'année à Montréal. Est-il besoin de préciser que tout ne correspondait pas nécessairement à la mise en scène prévue par le groupe? Mais ça donne du bon divertissement, comme Thom qui se met à parler de “fireworks and duplicate/ dead from the neck up” sur Faust Arp. Ou encore mieux, ces mêmes feux d'artifices qui se terminent une seconde avant que 32 000 personnes entonnent le fameux “this is what you get” de Karma Police. Des moments comme ça, ça vaut le prix du billet.

Ma setlist est dans un désordre quasi-total, mais je crois que tous les titres y sont. Tous les commentaires sont les bienvenus.

15 steps
Nude
All I Need
There There
Weird Fishes/ Arpeggi
Morning Bell
The Gloaming
Fake Plastic Trees
Reckoner
My Iron Lung
Like Spinning Plates
Jigsaw Falling into Place
House of Cards
The National Anthem
Optimistic
Bodysnatchers
You and Whose Army?
Paranoid Android
Lucky
Idiotheque
Videotape
Faust Arp
Karma Police
Bangers & Mash
Everything in its Right Place

mercredi 2 juillet 2008

Finale des Francos

On commence par la fin... Le Devoir d'aujourd'hui annonce que Alexandre Désilets, Gatineau, Karkwa et Malajube clôtureront le festival, le 3 août prochain. Deux groupes au succès mérité, et deux autres noms très prometteurs: on pourrait difficilement imaginer un choix plus pertinent et plus agréable. Surtout que quelques jours à peine après avoir vu Gatineau se défoncer au parc Molson, je gigote sur place à les imaginer là où Bran Van 3000 viennent de mettre le feu.

Vous savez où me trouver ce soir-là.

mardi 10 juin 2008

Anecdote

La fin de semaine dernière, je me trouvais dans un grand magasin du centre-ville de Montréal. Au moment d'enlever mes écouteurs pour tenter d'attraper un vendeur, j'entends une chanson de Claude Dubois. Comme d'habitude, ça a un effet pas très intéressant sur mes émotions. Disons que ça me stresse un peu d'entendre ça.

Au moment où je me dis que la prochaine sera sans doute pire, et que je n'ai qu'à me faire à cette muzak, une chanson (oui, cette chanson-là) de Malajube se met à jouer.

Depuis, je crois avoir perdu contact avec la réalité.

lundi 19 mai 2008

Bleu pétrole

Alain Bashung. Barclay/ Universal, 5305929, DEP, 2008.

Il m'est assez difficile de trouver une façon cohérente de parler de ce disque. Ça fait un moment que j'essaie, et là, je me lance. Le disque est cohérent dans le son, dans l'ambiance, mais ses thèmes sont si opaques qu'ils sont difficiles à cerner, et leur effet est si grand qu'on ne veut le minimiser. De toute façon, l'éblouissement et la lucidité ne sont pas synonymes, alors bon.

Deux caractéristiques importantes de ce disque sont ses réalisateurs: Marc Plati et Gaëtan Roussel. Le premier a produit le dernier disque des Rita Mitsouko, le dernier (quelconque) Anik Jean, et a également travaillé sur la plupart des disques de David Bowie des dix dernières années. Et disons que c'est en plein là-dedans qu'on se situe au niveau du son. Quelque chose de très propre, à la limite de l'impersonnel, mais avec une bonne puissance qui prend aux tripes à l'occasion. Les nombreuses guitares, banjo et autres lap steel donnent aussi à l'album une certaine couleur nord-américaine.

Gaëtan Roussel a, de son côté, participé à l'écriture de six des onze pièces, et c'est là qu'on sent la présence du chanteur de Louise Attaque. Si les chansons de Gérard Manset peuvent être lourdes dans leur splendeur, celles de Roussel (dont Hier à Sousse et Sur un trapèze, mes préférées et certainement les deux plus entraînantes du disque) amènent un peu d'air frais. Parce que, disons-le, Bashung n'est pas toujours facile à digérer.

Le gars a vraiment un charisme immense. Même sans le voir, on est complètement hypnotisé par sa voix. Plus qu'un chanteur, au sens de personne capable de produire des mélodies avec sa voix, il est un grand passeur d'émotion, un communicateur, une courroie de transmission. En fait, je pense parfois à son travail comme à celui des poètes grecs. Bashung est, au fond, un orateur, quelqu'un qui se sert de la parole pour transmettre un texte – et quels textes dans ce cas-ci!

Malgré mon admiration, je trouve que le disque se serait passé de Je tuerai la pianiste. Son rythme insistant et ses images poétiques violentes ou inintéressantes (où un européen se compare à un apache... ) donnent fortement envie de sauter à la prochaine piste. Comme quoi tout le monde peut se tromper.

Il reste que Bleu pétrole est un grand et beau disque. Des chansons qu'on écoute des dizaines de fois avant d'en faire le tour. Et, détail qui peut paraître futile mais auquel je tiens, ces pièces sont placées dans un ordre qui les avantage sérieusement. Toute fonction random ou son équivalent devrait être laissée de côté.

Bref, souhaitons-lui bon rétablissement (ces images sont tristes à voir, mais j'ai cru que vous voudriez savoir comment il va), et qu'il ne prenne pas six ans avant de sortir un autre disque. Il y a déjà trop peu de gens comme lui.

mardi 29 avril 2008

Third

Portishead. Island, 9780251766405, Universal, 2008.

À la première écoute, le troisième album de Portishead est à la fois étrange, sombre et beau. Très différent de ce qui l'avait précédé, aussi. Comme quoi le temps a passé. Le cours de l'histoire a même changé depuis 1998, année de parution de la dernière galette du groupe, qui ne comportait d'ailleurs aucune nouvelle composition.

Il est rassurant de constater que la voix de Beth Gibbons est restée aussi belle.

C'est vraiment du côté de la composition et des choix sonores que la différence se fait sentir. Il est clair que l'époque où Tricky, Morcheeba, et autres Massive Attack monopolisaient les hebdos culturels est chose du passé. Portishead en prend bonne note. Bien que la notoriété du groupe contribuera à sa diffusion (qui devrait être très large), cette musique ne peut plus servir de tapisserie sonore dans une boutique de vêtements. Tout y est plus froid, aride, inquiétant. C'est de la musique qui s'écoute, à distinguer de celle qui s'entend. Moins de basses envoûtantes et de claviers sensuels; plus de samples froids (Machine Gun), de bruits difficiles à identifier (Plastic). On a même droit à une pièce pour voix et mandoline, sans aucun traitement électronique(Deep Water).

En termes d'ambiance, on est passé de la trame sonore d'une peine d'amour, ou encore de celle des activités horizontales de certains, à une ambiance de lecture de journal. Comparons simplement deux chansons bien connues. Malgré le temps, il m'est toujours difficile d'écouter Roads sans avoir des larmes aux yeux (aussi subtiles soient-elles) et sans que mon torse se balance en suivant le rythme.

Maintenant, écoutons Machine Gun, premier extrait du nouvel album. Il me semble qu'ici tout se passe dans la tête. Je suis hors du groove et de la mélodie, comme je peux me sentir hors du monde par moments. Lorsqu'on écoute les nouvelles et qu'on a l'impression de ne plus arriver à suivre, d'être dépassé par les guerres et les famines que l'on n'arrive même plus à compter. L'impression de vivre dans une bulle.

Heureusement, Portishead n'a pas passé les dernières années dans un tel isolement, et ne nous livre pas un album des années 90 en retard. Il s'agit vraiment, même si la chose n'est pas toujours douce à nos oreilles, d'une écoute nécessaire. Portishead nous donne à nouveau la musique d'une époque.

mardi 25 mars 2008

Une soirée courte et sucrée

Il y a quelques temps, je vous ai présenté la jeune Adele, impressionnante chanteuse britannique, que je situerais maintenant quelque part entre Feist et Amy Winehouse, mais en plus doux. Bref, à surveiller.

Elle faisait donc sa première visite montréalaise au Cabaret, ce soir. Plein à craquer, surtout avec les tables et les chaises mises à notre disposition par la maison. On se pose à répétition la question: comment les gens sont-ils informés de ça? On comprend que le bouche à oreille fasse son travail, mais de là à remplir une salle? Mes clients ne la connaissent pourtant jamais lorsque je la leur présente... Enfin.

Assis entre des gens qui parlent et un gars qui s'exclame lorsqu'il constate que la fille n'est pas filiforme (constat fait avec peu d'élégance, dois-je préciser), je gardais néanmoins ma bonne humeur. Et Adele m'y aidait beaucoup. Quelle voix extraordinaire! Quel contrôle! Moi qui accorde peu d'intérêt aux voix, qui chante en même temps que le disque à chaque fois que la chose est possible, j'ai été touché au coeur. Et forcément, en tant que bon membre d'un auditoire montréalais, j'en voulais plus. Encore plus. Toujours plus.

Et c'est là où ça fait mal. La fille, visiblement heureuse, nous remercie, sort de scène. Dix secondes passent: on met un disque. Une minute (les gens applaudissent toujours à tout rompre): on allume les néons.

Et c'est là que je me fâche. Je ne sais pas si c'est le bar qui ne vendait pas assez d'alcool, ou le management de la chanteuse qui voulait la ménager ou je ne sais quoi, mais il y a quelqu'un quelque part qui dont se faire expliquer comment organiser un show à Montréal. On n'enlève pas l'artiste aussi vite. On n'a même pas eu le temps d'une ovation debout! Pas d'excuse, rien. "Il est tard, vous travaillez demain, c'est fini!"

Bref, il est à espérer qu'elle revienne vite. Avec ses 10 musiciens. Parce qu'elle est une artiste vraiment intéressante et touchante, et sympathique même si son accent est difficile à comprendre. Espérons seulement que certaines personnes soient mieux conseillées d'ici là.

mardi 26 février 2008

Parc Avenue

Plants and Animals. Secret City Records, SCR008CD, Fusion III, 2008


Une lettre touchante, publiée dans le Devoir de ce matin, m'a rappelé l'importance d'écrire. Me revoici donc à votre service, chers lecteurs.


Principalement pour vous mentionner, en ce jour de sa parution, un 3e titre intéressant au catalogue de la sympathique étiquette Secret City Records. Si Miracle Fortress est passé (injustement) inaperçu, il n'est plus besoin de présenter Patrick Watson. Souhaitons la même notoriété à Plants and Animals.


Je vous dirais pour faire simple que Parc Avenue est un album de party, mais ce n'est pas ce que vous croyez. Pas l'album d'un gars, assis dans son sous-sol, qui travaille dans le noir toute la nuit, à produire des beats que des milliers de personnes écouteront dans des clubs. Non, plutôt un album qui est un party en soi. Dont la conception, la fabrication et forcément l'écoute relèvent de la fête.


Par habitude, j'aurais envie de tenter de décrire le son du groupe. Mais je n'arrive pas à trouver une définition, à savoir quelle est sa base. Pas mal de guitares, mais qui ne sont pas pour autant omniprésentes. On a plutôt l'impression qu'elles discutent avec le piano, les cordes, les cuivres, et tous les autres types d'instruments qui vont et viennent tout le long du disque. Peut-être qu'il s'agit plutôt de la version pop d'un concerto pour orchestre, en fait. Aucun soliste en vedette, tout le monde a la place qui lui revient.


Et ces transitions, tant dans le choix des instruments que dans celui des ambiances, sont toujours faites avec la plus grande souplesse. Une certaine joie de vivre est aussi au rendez-vous. Avec les choristes de Bye Bye, qui nous donnent le goût d'être heureux, ou les choeurs et cuivres de Mercy, pièce centrale du disque, qui nous laisse à la fois crevés et complètement satisfaits.


Bref, allez voir votre disquaire et écoutez ça.

mardi 5 février 2008

Brèves

19, Adele, XL, XLCD313, Select, 2008.

Je suis paresseux, et j'ai le verbe en hibernation ces jours-ci. Je prends quand même quelques minutes pour vous parler de ce disque, qui m'a époustouflé aujourd'hui alors qu'il était mis en vente au Québec. Un peu le style de Amy Winehouse en plus simple, et de l'émotion à revendre.

Vous vous rappelez de l'arrivée de Gnarls Barkley? Au moment de la mise en vente, mai 2006, ils étaient de purs inconnus. Finalement, Crazy est devenue la chanson de l'été. Ben voilà, je prédis qu'Adele roulera en boucle très prochainement. Déjà no. 1 des ventes en Grande-Bretagne d'où elle est originaire (sa situation étant ainsi très similaire à Gnarls Barkley), elle va probablement se retrouver dans mon top 10 de fin d'année.

Éventuellement, je vous parlerai des chansons. En attendant, faites comme moi: écoutez-les jusqu'à les connaître par coeur.


Distortion, Magnetic Fields, Nonesuch, 2327036, Universal, 2008.

Il est sorti. Un nouvel opus de Stephin Merritt, génial auteur de 69 Love Songs, c'est un événement en soi. Comme le titre l'indique, le son de ce disque ne conviendrait pas à certaines oreilles délicates. Par contre, on retrouve le sens de la mélodie efficace et faussement innocente de Merritt. Et comme les paroles sont toujours sources de profondes réflexions, je vais m'en permettre encore un peu. Mais je vous en reparle, promis.

Juste une petite en passant: j'ai toujours cru que la musique était secondaire chez les Magnetic Fields, que les paroles portaient 90% du contenu. Peut-être pas, finalement. Je pense qu'elle se fait discrète, mais une fois que l'on y porte attention, on peut y découvrir de belles explorations.

On attend impatiemment cet hiver/ ce printemps

Claire Diterzi, Grand Corps Malade (31 mars), peut-être un Bashung. Pour commencer.