jeudi 12 février 2009

Sons et images




D'autres ont déjà souligné à grands traits les qualités musicales du travail de Antony and the Johnsons. Je suis d'accord pour dire que The Crying Light et Another World sont des œuvres saisissantes et très touchantes. Par contre, je crois qu'Antony (ou quelqu'un de son équipe) accomplit un travail artistique très intéressant, qui n'a rien à voir avec la musique mais qui la suit de très près.

Sur la dizaine de titres que je vois paraître chaque semaine de l'année, il est tout de même assez rare de voir une pochette qui soit vraiment digne d'intérêt. Je crois que c'est dommage, car c'est peut-être l'objectif de posséder une pochette qui pousse encore bon nombre de personnes à acheter un disque plutôt que de le télécharger. Donc, parmi ces quelques pochettes dignes d'intérêt, celles d'Antony sortent carrément du lot - elles ouvrent une toute autre dimension artistique de son travail.

Par le choix de certaines images, le musicien s'associe à des artistes d'autres disciplines - cherche à établir avec eux des rapports de proximité, de parenté, de filiation, d'influence, je ne saurais dire exactement. Plus concrètement, les pochettes des deux derniers disques - l'album et le EP qui a annoncé sa venue - représente le danseur japonais Kazuo Ohno, inventeur du Buto.

I Am a Bird Now se déroulait dans un autre univers - même si le style a une belle similitude. On y voit une figure féminine dans un lit. L'image est très belle. Ce n'est qu'à la regarder avec attention que l'on comprend qu'il s'agit d'une chambre d'hôpital. Et en se documentant un peu, on apprend quel est l'événement représenté. Or, même ce savoir funeste ne nous enlève pas le goût de voir cette image. Enfin, personnellement, ça m'a simplement donné le goût de replonger dans les créations de Warhol et de son entourage.

En ce sens, le travail d'image est ici très réussi: il ouvre l'esprit, motive à découvrir encore autre chose. Il ne décrit pas d'une façon fermée la production musicale, mais l'ouvre totalement, invitant l'auditeur à ne pas s'y limiter.

Aucun commentaire: