mercredi 15 octobre 2008

Petit édito de lendemain de veille

Suite à une conversation que je viens d'entendre dans un café - et à laquelle je me suis retenu de participer par politesse -, je crois qu'il est temps de clarifier certaines choses.

Le Canada se retrouve plus à droite depuis ce matin, et ça me déprime vachement. On a vu des coupures en culture dans les derniers mois, et certains artistes se sont brillamment exprimés sur le sujet pendant la campagne électorale, malheureusement sans grand résultat.

J'entends donc aujourd'hui certaines personnes affirmer que les artistes ne sont pas assez engagés. Que toute création devrait amener le créateur et le spectateur à réfléchir à leur époque. Bref, que la conscience sociale devrait suinter de partout. Qu'on devrait faire comme les artistes des années 60, 70, comme Mes Aïeux, les Cowboys Fringants, etc.

Dans ce cas, il faudrait se demander pourquoi ces artistes se battent. Pour la souveraineté du Québec dans certains cas, ou contre la violence, pour la justice sociale ou l'environnement, etc. J'ai le plus grand respect pour le travail des gens qui font avancer ces causes par un moyen ou un autre, qu'on me comprenne bien.

Seulement, le débat des derniers mois ne se trouvait pas exactement là. Le gouvernement conservateur a coupé les fonds à des artistes ou des projets vus comme contraires à l'ordre public, ou ne représentant pas les soi-disant valeurs canadiennes.

Ce que j'ai compris, et ce que je crois personnellement, c'est que les artistes (comme tous les acteurs du milieu) se battent maintenant pour ne plus avoir des jobs de représentants des valeurs canadiennes. Pour ne plus avoir à représenter quoi que ce soit, en fait. Pour pouvoir simplement créer librement. Est-ce que ces deux mots sont si menaçants?

L'artiste, pour moi, n'est pas un politicien, un militant, un journaliste, un éditorialiste, un analyste politique ou que sais-je encore. Si aucun artiste ne devait faire de la création pure (j'emploie ce mot faute de mieux), qui vise simplement et directement l'émotion, si aucun batteur n'essaie d'avoir le meilleur groove, si aucun acteur n'essaie de me faire pleurer, si je n'ai plus envie de danser...

...si l'art en tant que tel n'existe plus, c'est que la politique aura pris le dessus.

Et on se demandera pourquoi on s'est battus.

1 commentaire:

Villemure a dit…

D'accord pour la création pure.

Pour ce qui est de l'engagement politique, ce n'est pas une tâche qui revient exclusivement à l'artiste mais au citoyen. L'artiste étant lui aussi citoyen, se doit d'avoir un minimum d'engagement ou du moins d'intérêt pour la chose politique. Cependant, il a tous les droits de garder cette sphère de sa vie, privée.

J'ai parfois l'impression que monsieur tout-le-monde demande à l'artiste de s'engager politiquement pour lui. Lui déléguer cette tâche...représenter ses idéaux. anyway!